1. Introduction

Cette séance permet de discuter de l’établissement d’un lien de causalité, d’évoquer l’échelle des preuves et de donner un aperçu modeste sur la construction progressive de la science (passage d’une hypothèse, à un ensemble d’études épidémiologiques et expérimentales pour aboutir à un consensus scientifique communiqué par les organismes de santé publique comme l’OMS). La séance s’organise de la façon suivante : › Introduction sur le lien entre santé et tabac › Travail sur l’établissement d’un lien de causalité à partir de données épidémiologiques et expérimentales › La synthèse des données effectuée par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer organisme de l’OMS) La ressource propose une démarche qui est à intégrer dans une progression et qui doit donc être adaptée.

2. L’étape introductive

La séance peut être introduite par la présentation d’une affiche ou d’une vidéo d’une campagne anti-tabac (cf. document 1A). On peut ainsi discuter de l’objectif des campagnes de prévention du tabagisme.

--> On s’intéresse donc à la question du lien entre tabac et santé.

3. L’apport des études épidémiologiques et expérimentales

- L’utilisation de données brutes

On présente un document que l’on peut trouver quand on s’intéresse au lien entre santé et tabac (cf. document 1B). On demande aux élèves de tirer une information de ce document. On observe en général que plusieurs d’entre-eux proposent un lien de causalité entre consommation de cigarettes et nombre de décès lié au cancer du poumon.

Exemple de consigne élève : Qu’indique ce graphique ? quelle information peut on en tirer de ce document ?

--> Réponse probable : le tabac cause le cancer.

Le document 1C est distribué avec la même consigne.
Même si on constate une évolution parallèle des deux courbes, il paraît peu probable qu’il y ait une relation de causalité entre le nombre de chevaux abattus et le nombre de fonctionnaires. De même, on ne peut donc pas dire que l’augmentation de la consommation de cigarettes cause l’augmentation du risque de décès par cancer pulmonaire à partir de ce graphique uniquement. Autrement dit, on ne peut pas établir de lien de causalité entre risque de développer un cancer et consommation de cigarettes. On peut simplement suggérer l’idée, émettre une hypothèse.

Pour avancer sur le lien de causalité entre exposition au tabac et cancer, d’autres données sont nécessaires.

- Des données complémentaires

Les études épidémiologiques visent entre autre à analyser les facteurs qui influencent la survenue de maladies.

Les documents 2A, 2B et 2C apportent des informations issues de différentes études épidémiologiques qui étudient le lien entre l’exposition au tabac et la survenue du cancer du poumon.

Consigne possible : Extraire des informations de chaque document pour argumenter en faveur d’un lien entre exposition au tabac et cancer du poumon en classant les types d’études selon le niveau de preuve croissant qu’elles apportent.

- Proposition d’un mécanisme : pistes d’exploitation du document 3

L’exploitation du document 3 nécessite de guider les élèves pour qu’ils puissent comprendre le mécanisme présenté.

En fonction du temps disponible, on peut soit poser une question ouverte sur l’explication d‘un mécanisme d’induction du cancer du poumon par la fumée du tabac, soit un questionnement sous forme de QCM avec un schéma à compléter (cf. document 4).

- Proposition d’un mécanisme : correction de l’activité

L’argumentation d’un lien de causalité est ici basée sur un faisceau de critères issus de l’exploitation des études épidémiologiques et de l’exploitation des études expérimentales (cf. figure 1). Un certain nombre de critères sont étudiés dans cette séance, mais pas tous (cf. figure 2).

La correction peut se faire sous forme d’un schéma construit progressivement au tableau et qui reprendrait les informations essentielles extraites des documents exploités (cf. figure 3).

4. L’évaluation par des agences de santé publique

Dans cette partie, l’objectif est de mettre en évidence le fait que l’évaluation et l’analyse d’études scientifiques n’est pas à la portée des élèves ni des professeurs. C’est le rôle des agences de santé publique composées d’expert comme le CIRC par exemple. Il examine la cancérogénicité éventuelle de produits chimiques, de mélanges complexes de substances, d'expositions professionnelles, d’agents physiques et biologiques et de facteurs comportementaux. Le CIRC publie régulièrement des monographies, c’est-à-dire des revues de l’ensemble des connaissances établies sur la cancérogénicité des agents examinés (cf. figure 4).

Enfin, si le CIRC se prononce sur des dangers, il ne quantifie aucun risque. C’est le rôle d’autres agences de santé comme l’Institut National du Cancer qui produit des expertises sous forme de recommandations nationales, de référentiels, de rapports et d’avis en réponse notamment aux saisines du ministère chargé de la santé. Ces travaux sont destinés à éclairer les décideurs, à guider les professionnels ou à informer les personnes malades et la population générale sur les cancers.

Il indique (cf. figure 5) entre autre que “Le tabac est la cause directe ou un facteur favorisant pour de nombreux types de cancers. Il est responsable de plus de 8 cancers du poumon sur 10, de près de 70 % des cancers des voies aérodigestives supérieures (bouche, larynx, pharynx, œsophage) et de 50 % des cancers de la vessie.”

5. Bilan de la séance : notions à retenir

La survenue de modifications somatiques du génome sont favorisées par un agent mutagène. Les études épidémiologiques et expérimentales ont montré l’importance de l’exposition aux facteurs mutagènes dans la genèse des cancers. C’est le cas de certaines substances présentes dans la fumée de tabac par exemple. Limiter l’exposition des individus à ces facteurs diminue le risque.

On peut terminer la séance en projetant deux images (cf. figure 6).

Ces deux images montrent l’impact sur l’évolution des politiques de santé publique de l’évolution des connaissances sur le lien entre tabac et cancer.
Cet exemple illustre la manière dont la science se construit et montre son influence sur la société: à la fin des années 40, la question des causes de l’augmentation du nombre de cancer du poumon est véritablement posée. Par des études diverses, la communauté scientifique est arrivée à un consensus sur la cancérogénicité de la fumée de tabac. Ce consensus scientifique a été à l’origine de mesures politiques et est devenu un consensus médiatique.
On est ainsi passé de messages publicitaires vantant les vertus du tabac à des mesures de restriction sur la vente et la publicité autour du tabac ainsi qu’à des campagnes de prévention du tabagisme. On ne manquera cependant pas d’insister sur la notion de facteur de risque : s’il est clairement établi qu’il existe une augmentation du risque relatif de développer un cancer du poumon avec l’exposition au tabac, d’autres facteurs entrent en compte. Le développement d’un cancer est multifactoriel. Il reste à identifier l‘ensemble des facteurs qui interviennent.

Cette étude est aussi l’occasion de réfléchir à l’établissement d’un lien de causalité. Même si le lien de causalité entre tabac et augmentation du risque de décès par cancer du poumon est juste, il ne peut être établi à partir d’un graphique montrant l’évolution parallèle de ces deux données. Cette vigilance quant à l’établissement abusif de liens de causalité peut être étendue à de nombreux domaines.

Le document complet téléchargeable contient l'intégralité des 4 documents élèves.