Cet article fait partie d'un ensemble de ressources élaborées par l'académie de Strasbourg sur la thématique de la pensée critique, proposant
Des pistes au quotidien , Des activités ciblées , Des parcours pour approfondir et une Boîte à outils
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Une absence de lien entre vaccination contre l’hépatite B et la survenue de sclérose en plaques
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À partir d’un exemple concernant la question du lien entre vaccination anti-hépatite B et survenue de sclérose en plaques, il s’agit ici de parcourir, en 1ère approche, différents niveaux de preuve sous la forme d’éléments issus de différents articles scientifiques. Une pyramide des preuves, outil d’évaluation de la qualité de la preuve en médecine, peut constituer un bilan méthodologique ou être mise en œuvre dans le cas où celle-ci est déjà connue des élèves.
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Intentions :
À partir d’un exemple concernant la question du lien entre vaccination anti-hépatite B et survenue de sclérose en plaques, il s’agit ici de parcourir, en 1ère approche, différents niveaux de preuve sous la forme d’éléments issus de différents articles scientifiques. Une pyramide des preuves, outil d’évaluation de la qualité de la preuve en médecine, peut constituer un bilan méthodologique ou être mise en œuvre dans le cas où celle-ci est déjà connue des élèves.
L’hésitation vaccinale: un continuum relevant d’une décision complexe1
La décision de se faire vacciner ou non (ou faire vacciner un proche) repose sur un mélange complexe de facteurs culturels, psychosociaux, spirituels, politiques et cognitifs. Les raisons d’hésiter face à la vaccination peuvent se classer en 3 catégories : manque de confiance (en l’efficacité, la sécurité, le système ou les décideurs), complaisance (perception d’un risque faible d’acquérir une maladie pouvant être prévenue par un vaccin) et manque de commodité (l’offre, l’accessibilité et l’attrait des services d’immunisation, y compris les heures, l’endroit, la langue et le contexte culturel).
Figure 1. Les facteurs intervenant dans l’acceptabilité vaccinale
Comme pour d’autres décisions engageant notre santé ou celle de nos proches, on peut comprendre que l’hésitation vaccinale ou l’acceptabilité vaccinale (suivant la façon de présenter les choses, le 2ème terme étant plus positif) constitue un continuum, ici entre refus total et acceptabilité pour tous les vaccins, et relève donc d’une décision complexe qu’il serait illusoire de réduire à un simple manque de connaissances. Pour autant, le professeur de SVT peut jouer un rôle dans cette décision, implicitement ou explicitement. Il convient donc d’y réfléchir.
La posture du professeur face à l’hésitation vaccinale : une réponse tacitement laïque se bornant au registre des faits
De la même façon que la science nous dit ce qui est et non ce qui doit être (« le cœur méthodologique de la science est amoral, tacitement laïque et ne relève pas du discours sur les valeurs », lire Lecointre2 p 77 à ce sujet), il s’agit de la même façon pour le professeur de science de s’astreindre à rester dans le même registre, celui des faits, afin de se « borner à l’instruction3 ».
Ainsi, concernant la vaccination, comme pour de nombreux autres sujets abordés en SVT (sexualité, alimentation, biodiversité, choix énergétiques, …), le professeur veillera à s’en tenir aux éléments objectifs qui, associés aux principes moraux ou religieux de chacun, ainsi qu’aux lois en vigueur, permettent à tout individu de faire ses choix personnels en connaissance de cause. Aller au-delà, par exemple ici en poussant explicitement les élèves à se faire vacciner, ou en exposant son cas personnel, reviendrait à sortir, précisément, de la neutralité laïque.
Figure 2. Rapports entre le registre des faits, le registre moral et le registre législatif (d’après Rojat, in Lecointre1, modifié).
Une loi en vigueur depuis le 1er janvier 2018, rend la vaccination contre l’hépatite B obligatoire avant l'âge de 18 mois. Elle est exigible pour l’entrée ou le maintien en collectivité à partir du 1er juin 2018 pour tout enfant né à partir du 1er janvier 2018.
Questionner un effet secondaire possible d’un vaccin par une approche rigoureuse, documentée en explicitant le niveau de preuve
Une actualité vaccinale, comme la campagne de vaccination 2021 dirigée contre le virus SARS-CoV2, ou la promotion de la vaccination contre le papillomavirus humains (HPV), de même que l’enseignement d’une partie de programme concernant la vaccination, peuvent conduire certains élèves à évoquer en classe des effets secondaires « bien connus » de certains vaccins, questionnant voire relayant ainsi un des arguments fréquents du discours vaccinosceptique. Le lien, soi-disant « démontré », entre la vaccination contre le virus de l’hépatite B (VHB) et la survenue de sclérose en plaques (SEP), est par exemple fréquemment convoqué pour justifier sinon d’une méfiance envers la vaccination en général, du moins d’une hésitation vaccinale.
Loin de nier la possibilité (théorique, au moins) d’effets secondaires graves d’un vaccin (voir quelques cas d’effets avérés, ou non, dans un article du Monde4 ; à voir comment citer l’un ou l’autre cas avéré pour ne rien cacher), il s'agit de traiter cette question par une pensée méthodique (avec les réserves habituelles de l’exercice d’un esprit critique, le scepticisme s’exerçant à priori envers les affirmations de ceux – les porteurs du discours vaccinosceptique- remettant en cause une vaccinothérapie validée par les agences sanitaires après différentes phases de tests, évaluation par les pairs des publications liées à ces tests et progressivement études épidémiologiques plus vastes, plutôt que le contraire). Une approche rigoureuse nécessite ainsi de ne pas aborder cette question des effets secondaires de la vaccination de façon générale mais vaccin par vaccin (en 1ère approche, sans aller jusqu’à la ligne de production d’une marque de vaccin donné), effet secondaire par effet secondaire suspecté (il n'y a pas de réponse générale, que ce soit dans un sens ou dans l’autre). Il s’agit ensuite de s’appuyer explicitement sur la littérature scientifique existante, en prenant en compte les limites de celle-ci. Il faut donc aussi être capable de répondre, au moins le temps de se documenter, « je ne sais pas » ou de faire mention d’un niveau de preuves à partir des données épidémiologiques existantes pour tel ou tel vaccin récent ou peu utilisé (par exemple concernant les vaccins à acides nucléiques contre le virus SARS-CoV2).
L'intention est donc ici de montrer comment on peut traiter rigoureusement cette question, en explicitant le niveau de preuve ; en 1ère approche. Une pyramide des preuves16, outil d’évaluation de la qualité de la preuve en médecine, peut constituer un bilan méthodologique ou être mise en œuvre dès le départ dans le cas où celle-ci est déjà connue des élèves. Il est à rappeler qu’il n’appartient qu’aux experts du domaine de juger de la qualité d’une preuve scientifique : cela nécessite en effet de posséder des connaissances sur les méthodes du domaine en question et sur leur applicabilité, en plus des connaissances disciplinaires. D’autres ressources pédagogiques développées permettent de se familiariser également avec les niveaux de preuve voire d’aller plus loin dans l’exploration des niveaux de preuve5.
Le choix de s'intéresser à la question pour un lien supposé concernant un vaccin utilisé depuis de nombreuses années dans le monde (lien entre VHB et SEP), permet de s’appuyer sur une littérature scientifique conséquente, et qui est arrivé à un haut degré de consensus scientifique, repris par les agences sanitaires. Ainsi, le site gouvernemental Vaccination Info Service ( site Web conçu sous l’égide de Santé publique France, établissement public sous tutelle du Ministère chargé de la Santé et s’appuyant notamment sur l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé, ANSM) indique sur son site en date du 28.03.2018 (Mis à jour le 12.04.2018) : «Les données constituées depuis plus de quinze ans permettent d’écarter avec une grande sûreté un lien entre vaccination contre le virus de l’hépatite B et la survenue d’une sclérose en plaques»6.
Les documents proposés permettent de passer en revue différents niveaux de preuve concernant le lien VHB-SEP, d’un article scientifique récent étudié isolément (« une étude dit que », niveau de preuve faible), à une petite revue de littérature (« plusieurs études disent que », niveau de preuve modéré), pour finir avec une méta-analyse (« un ensemble d’études disent que », niveau de preuve élevé) et des avis d’agences sanitaires ( le choix ici est d’en rester à une 1ère approche, sans rentrer dans le type d’étude épidémiologique, on s’intéresse cependant aux effectifs des différentes études) :
- le document 1 correspond à une étude récente (2019)7. Une analyse collective permet de rappeler au besoin ce qu’est un article scientifique et le principe de la méthodologie suivie en soulignant au moins les effectifs pris en compte. La conclusion donne le NON (pas d’association VHB-SEP). On pourra ajouter par ailleurs que cette étude montre même un effet protecteur de certaines vaccinations (contre la grippe saisonnière notamment) concernant la survenue de SEP.
- le document 2 présente les conclusions de douze articles scientifiques publiés entre 1999 et 2014 en précisant les effectifs utilisés pour chaque étude. Ces éléments fournis proviennent d’un article en ligne du site Vaccination Info Services déjà évoqué6. Il est à noter qu'on ne peut retenir de conclusions pour Hernan (2004) et Mikaeloff (2009) pour de trop faibles effectifs pris en compte, à rejeter donc (ni oui, ni non donc pour ces deux études). Toutes les études retenues donnent le NON.
- le document 3 présente certains résultats et la conclusion d’une méta-analyse (la plus récente, 2018)8. On a vu précédemment que toutes les études ne se valent pas, rien qu'en s'intéressant à l'effectif pris en compte. Des experts ont effectués une revue systématique de la littérature scientifique concernant le lien VHB-SEP et ont notamment pris les différences d’effectifs en compte avec d’autres éléments de méthodologie, sous forme d’une pondération. L'intervalle d'incertitude du résultat chiffré de cette méta-analyse inclut la valeur 1 donc NON. On se rapproche là d'un haut niveau de consensus scientifique.
- le document 4 présente l’avis de quelques agences de santé, qui valident également l'absence de lien.
- en ouverture, on peut aussi signaler que des recherches actuelles9 explorent le lien entre microbiote et sclérose en plaques (en plus de l'exploration des facteurs génétiques connus depuis plus longtemps).
Ce qui peut expliquer l’origine et la persistance d’une association VHB –SEP pour le grand public
Quelques éléments:
- Le vaccinoscepticisme suit l’histoire de la vaccination depuis ses débuts au XIXème s, et not. en France depuis 1879 alors que l’idée d’obligation vaccinale est discutée au Parlement12.
- Le discours vaccinosceptique est porté par des acteurs hétérogènes qui ont pour point commun d’y trouver un intérêt, le plus souvent idéologique, financier ou politique12.
Rappel historique concernant la VHB : En 1992, l’OMS recommande la vaccination « universelle » des nourrissons et/ou des préadolescents à tous les pays. En France, un programme de vaccination est lancé en 1994-1995 ciblant principalement les nourrissons (introduction dans le calendrier vaccinal) mais incluant un programme de rattrapage en milieu scolaire de 10 ans pour les préadolescents. Cette durée de 10 ans permet aux nourrissons nouvellement vaccinés d’intégrer le milieu scolaire visé par cette campagne. - En France deux évènements ont marqué les esprits12 :
- le 1er est la suspension d’une campagne de vaccination massive des collégiens contre l’hépatite B (commencée en 1994) après que des cas d’atteintes démyélinisantes (sclérose en plaques) ont été notifiés aux services de pharmacovigilance. Le climat de suspicion a conduit le ministre de l’époque (Bernard Kouchner) à suspendre la campagne de vaccination malgré l’absence de preuves d’un lien entre le vaccin et les cas signalés.
Dans le détail13 : La vaccination a ainsi concerné des tranches d’âge où la fréquence de cette maladie est la plus élevée. À cette même période, la sclérose en plaques est inscrite sur les listes « Affection Longue Durée » ce qui a pu donner une impression d’augmentation du nombre de cas. En juillet 1996, 249 cas d'atteintes démyélinisantes centrales dont la SEP développés après l’injection du vaccin anti-VHB sont signalés aux autorités sanitaires. En parallèle, la même année une thèse de médecine lyonnaise considérée comme peu rigoureuse intitulée « Accident de la vaccination contre l’hépatite B » vient alimenter le débat et sert de prétexte aux ligues anti-vaccinales pour déclencher une polémique relayée par un journal acquis à cette cause. Une pétition circule incluant des médecins. En 1997, une association de victimes du vaccin contre l’hépatite B « REVAHB » est créée en France à l’initiative d’un médecin généraliste. Le 1er octobre 1998, dans la précipitation et sans concertation avec les instances compétentes, le ministre de la santé Bernard Kouchner, suspend la vaccination en milieu scolaire face à l’inquiétude de la population. Il n’est toutefois pas revenu sur le fait de vacciner les nourrissons et les sujets à risque. Cette décision est mal comprise et interprétée comme une condamnation de la vaccination anti VHB, alarmant l’opinion d’autres pays. Il y a une perte de confiance majeure de la part de la population générale mais aussi des professionnels de santé. - l’échec de la campagne de vaccination contre la grippe H1N1 en 2009-2010. Outre les erreurs et les maladresses politiques, la sécurité du vaccin a été remise en cause après qu’une soixantaine de personnes ont développé des narcolepsies postvaccinales (liées à un même site de production du vaccin)
- le 1er est la suspension d’une campagne de vaccination massive des collégiens contre l’hépatite B (commencée en 1994) après que des cas d’atteintes démyélinisantes (sclérose en plaques) ont été notifiés aux services de pharmacovigilance. Le climat de suspicion a conduit le ministre de l’époque (Bernard Kouchner) à suspendre la campagne de vaccination malgré l’absence de preuves d’un lien entre le vaccin et les cas signalés.
- La lenteur évolutive de la sclérose en plaques donne lieu à des risques d’association temporelle si la vaccination est pratiquée à l’âge de l’apparition habituelle de la maladie, entre 15 et 40 ans6 : la détection de la sclérose en plaques suit alors de près la vaccination d’où la tendance à en faire une relation de causalité alors que rien ne le prouve à priori). La vaccination à un âge plus jeune (cas actuel) permet de diminuer considérablement ce risque d’association fortuite.
- Les conclusions scientifiques sont parfois prises en compte de façon paradoxale dans le domaine judiciaire6 lorsque, par exemple, des professionnels de santé atteints de SEP qu’ils estiment secondaire au vaccin anti-VHB font une démarche d’indemnisation.
La Cour européenne de justice a d’ailleurs estimé, en 2017, que le fait qu’il n’existe pas de preuve scientifique ne doit pas complètement fermer la porte à une possible indemnisation d’un plaignant.
Autrement dit, le fait que la justice indemnise au cas par cas ne signifie pas qu’il existe un lien entre vaccination et sclérose en plaques. - De façon plus générale, différentes études montrent que l’hésitation vaccinale augmente avec le rejet des gouvernants14.
- De façon plus générale, différents biais cognitifs peuvent intervenir15, notamment « le biais d’omission, qui stipule qu’en cas de doute, la solution intellectuelle la plus simple est de ne rien faire. Prendre le risque d’une action dangereuse est jugé moins acceptable que l’inaction. Un parent s’en voudra plus d’avoir fait courir un risque à son enfant de par son action, plutôt que de n’avoir rien fait et qu’un problème survienne. Cela est d’autant plus vrai dans les familles croyantes où les événements à venir sont supposés régis par une entité céleste et donc indépendants de leur volonté ».
Consigne et déroulement envisageable |
Titre La question du lien entre vaccination contre le virus de l’hépatite B et la survenue de sclérose en plaques Contexte Les campagnes de vaccination anti-hépatite B lancées au début des années 1990 ont constitué une avancée majeure en matière de santé publique et ont ciblé diverses populations (adultes à risque, nouveau-nés, adolescents). Cependant, le débat public est toujours actif sur un lien possible entre ce vaccin et survenue de sclérose en plaques chez des sujets auparavant en bonne santé alors qu’un consensus scientifique s’appuyant sur de nombreuses et robustes données épidémiologiques a été établi. Question En mettant en œuvre une pensée méthodique, faites-vous une opinion concernant un lien éventuel entre vaccination contre l’hépatite B et la survenue de sclérose en plaques. Consigne Vous répondrez à la question posée en vous intéressant à ce que nous dit la science (et éventuellement : mais aussi en cherchant à expliquer la persistance de l’idée de ce lien en France actuellement]. Documents fournis progressivement (à chaque fois concernant le lien VHB-SEP) Résumé traduit d’un article scientifique récent (2019)7; revue des conclusions de 12 articles scientifiques (1999-2014)6 ; extraits d’une méta-analyse récente (2018)8 Déroulement (durées indicatives)
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Conseils possibles du professeur (parcours pas à pas) |
-Relevez ce que nous dit la science : Relevez pour chaque document les conclusions des recherches menées sous forme d’un tableau récapitulatif (nombre total de sujets étudiés, conclusion quant au lien entre vaccination contre l’hépatite B et la survenue de sclérose en plaques. Comparez le niveau de preuve des différents documents. - Recherchez ce qui peut expliquer l’origine et la persistance d’une association VHB-SEP pour le grand public [Éventuellement] |
Principaux attendus |
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Articulation avec les programmes |
Collège, Cycle 4, SVT, Argumenter l’intérêt des politiques de prévention et de lutte contre la contamination : vaccination Lycée, Première, Enseignement de spécialité SVT, L’utilisation de l’immunité adaptative en santé humaine Lycée, Enseignement scientifique, Objectifs généraux de formation |
Message à emporter (Bilan possible) |
Schéma de la pyramide des preuves16. La pyramide des preuves permet d’évaluer le niveau de fiabilité d’une affirmation. Cet outil n’est pas infaillible, mais il constitue la meilleure boussole disponible. Les témoignages n’ont aucune valeur de preuve: cela ne signifie pas que les témoignages ou notre expérience personnelle ne sont à écouter mais qu’ils ne suffisent pas. Le consensus scientifique, plus haut niveau de preuve, permet d’établir la réalité d’un phénomène étudié au-delà de tout doute raisonnable. Il s’appuie sur l’ensemble des conclusions publiées sous forme d’articles dans des revues scientifiques et donc validés collectivement par des experts. |
Progressivité | Cette approche est à mettre en lien avec d’autres exemples s’intéressant au niveau de preuve, en distinguant le type d’étude (voir ressources pédagogiques disponibles)5. |
Figure 3. Exploitation possible des supports en classe
La sclérose en plaques est la plus commune des maladies auto-immunes chroniques du système nerveux central. Elle touche plus de deux millions de personnes dans le monde, selon le programme international Global Burden of Disease Study. |
Figure 4. Quelques données concernant la sclérose en plaques (SEP).
Sources: Organisation Mondiale pour la Santé (OMS)10, Santé publique France11, article du journal de vulgarisation scientifique Pour la Science9
L’hépatite B est une infection virale qui s’attaque au foie et peut entraîner une affection aiguë comme une affection chronique de cet organe. Le virus est le plus souvent transmis par contact avec du sang ou d’autres liquides biologiques, notamment lors de rapports sexuels avec un partenaire infecté, en cas de partage d’aiguilles, de seringues ou de matériel de préparation lors de la consommation de drogues injectables, et en cas de piqûre d’aiguille ou de contact avec des objets tranchants. En 2015, l’OMS estimait que 257 millions de personnes vivaient avec une hépatite B chronique (prévalence). Cette même année, l’hépatite B avait provoqué, selon les estimations, 887 000 décès, principalement par cirrhose ou par carcinome hépatocellulaire (c’est-à-dire par un cancer primaire du foie). D’après les dernières estimations de l’OMS, la part des enfants de moins de 5 ans présentant une infection chronique par le VHB est passée à un peu moins de 1 % en 2019 contre 5 % environ à l’ère pré-vaccinale (période allant des années 1980 au début des années 2000). En France, en 2016, le volet virologique « BaroTest » du Baromètre santé 2016 a permis d’estimer, en population générale adulte (18-75 ans) à 135 000 personnes (contre 280000 en 2004) ayant une hépatite chronique B. Parmi ces personnes, 17,5% savent qu’elles sont atteintes. L’hépatite B peut être évitée par des vaccins sûrs, disponibles et efficaces ainsi que par la prophylaxie antivirale pendant la grossesse. En France la vaccination contre l’hépatite B est obligatoire pour tous les enfants nés après le 1 juillet 2018 et recommandée jusqu’à l’âge de 15 ans. |
Figure 5. Quelques données concernant l’hépatite B. Sources : OMS10, Santé publique France11
Éléments et conclusion d’une étude récemment publiée concernant le lien VHB-SEP. Référence scientifique : Hapfelmeier, (2019)1
Références, éléments et conclusions de 12 études épidémiologiques ayant interrogé le lien VHB-SEP entre 1999 et 2014 (par ordre chronologique)
Année de publication |
Référence de l’article scientifique |
Éléments ( Type d’étude, effectifs) et conclusion de l’étude |
1999 |
Zipp, Nature Medicine2 |
Étude rétrospective comparant l’incidence de maladie démyélinisante chez 27229 sujets vaccinés et 107469 non vaccinés contre le VHB : pas de sur-risque deux mois, six mois, un an, deux ans ou trois ans après vaccination |
2000 |
Sadovnik, Lancet3 |
Comparaison de l’incidence de la SEP chez deux populations : les enfants qui avaient 11 à 12 ans sur la période 1986-1992 (288657 enfants, non vaccinés) et les enfants qui avaient 11 à 12 ans sur la période 1992-1998 (289651 enfants, vaccinés à plus de 92%) : pas de différence d’incidence jusqu’à l’âge de 17 ans entre les deux populations |
2001 |
Ascherio, NEJM4 |
Étude cas-témoins comparant 192 cas de SEP et 645 contrôles : absence de lien entre SEP et vaccin anti-VHB. |
2001 |
Confavreux, NEJM5 |
Étude rétrospective des facteurs associés à une poussée de SEP chez 643 patients déjà porteurs de cette maladie : pas de sur-risque de poussée dans les deux mois suivant une vaccination anti-VHB. |
2002 |
Touzé, Neuroepidemiol6 |
Étude cas-témoins comparant 402 cas de maladie démyélinisante et 722 contrôles : pas de sur-risque de première poussée de maladie dans les deux mois suivant une vaccination anti-VHB. |
2003 |
DeStefano, Arch Neurol7 |
Étude cas-témoins comparant 440 cas de SEP et de névrite optique et 950 témoins : pas de sur-risque de SEP dans l’année ou dans les cinq ans suivant une vaccination anti-VHB. |
2004 |
Hernan, Neurology8 |
Étude cas-témoins comparant 163 cas de SEP et 1604 contrôles : il y a 3,1 fois plus de vaccinés dans le groupe SEP [IC95% ; 1,5-6,3] mais sur des effectifs trop faibles (11 vaccinés dans le groupe SEP, soit 6,7 % de cette population) pour conclure à un sur-risque. |
2007 |
Mikaeloff, Brain9 |
Suivi d’une cohorte de 356 enfants ayant eu une première poussée de maladie démyélinisante : pas de sur-risque d’évolution ultérieure vers un diagnostic confirmé de SEP en cas de vaccination anti-VHB |
2007 |
Mikaeloff, Arch Pediat Adol Med10 |
Étude cas-témoins comparant 143 cas de SEP et 1122 témoins : pas de sur-risque de première poussée de SEP dans les trois ans suivant une vaccination anti-VHB. |
2009 |
Mikaeloff, Neurology11 |
Étude cas-témoins comparant 349 cas de maladie démyélinisante de l’enfant et 2941 contrôles : pas de sur-risque lié au vaccin anti-VHB, quelle qu’en soit la marque (une analyse a posteriori des patients d’un sous-groupe ayant reçu d’autres vaccins, et parmi eux d’un sous-groupe ayant reçu une marque particulière de vaccin anti-VHB, détecte avec une faible marge de significativité [IC95 % ; 1,03-2,95] un sur-risque, mais cette sous-analyse a été considérée comme invalide sur le plan méthodologique). |
2009 |
Ramagopalan, Euroepidemiology12 |
Étude cas-témoins comparant 14362 cas de SEP et 7671 contrôles : absence de lien entre SEP et vaccin anti-VHB |
2014 |
Langer-Gould, JAMA Neurology13 |
Étude cas-témoins comparant 780 cas de maladie démyélinisante et 3885 contrôles : absence de lien entre SEP et vaccin anti-VHB. |
Traduction du résumé et extrait de résultats d’une méta-analyse questionnant le lien VHB-SEP. Référence scientifique : Mouchet (2018)14
Outil de référence. Un exemple de pyramide des preuves en médecine. Source : Krivine (2019)16
Références de la ressource (à destination du professeur):
(voir document-élève 5 pour les références scientifiques complètes utilisées avec les élèves)
- Shen SC, Dubey V. Répondre à l’hésitation face à la vaccination: Conseils cliniques à l’intention des médecins de première ligne qui travaillent avec les parents. Can Fam Physician. 2019;65(3):e91-e98.
- Lecointre, Guillaume, Savoirs, opinions, croyances, une réponse laïque aux contestations de la science en classe, Belin, 2018.
- Condorcet, Cinq mémoires sur l’instruction publique (1791), mémoire V.
Version numérique : https://www.laicite-aujourdhui.fr/IMG/pdf/Cinq_memoires_instr_pub.pdf - Article « Les campagnes de vaccination émaillées de ratés, avérés ou non », Cabut S., Foucard S., Morin H., et Santi P., Le Monde, 20-21/12/2020 https://journal.lemonde.fr/data/1185/reader/reader.html?t=1610313894303#!preferred/0/package/1185/pub/1592/page/10/alb/87494
- Ressources du Groupe Esprit critique de l’Académie de Strasbourg.
http://www.svt.site.ac-strasbourg.fr/dossiers/pensee-critique - Article Vaccination info-services, en ligne (Revue de littérature)
https://professionnels.vaccination-info-service.fr/Aspects-sociologiques/Controverses/Sclerose-en-plaques - Article scientifique (Étude cas-témoin). Hapfelmeier, A., Gasperi, C., Donnachie, E., & Hemmer, B. (2019). A large case-control study on vaccination as risk factor for multiple sclerosis. Neurology, 10.1212/WNL.0000000000008012. doi:10.1212/wnl.0000000000008012
https://n.neurology.org/content/93/9/e908
Article de vulgarisation correspondant :
https://sante.lefigaro.fr/article/une-etude-confirme-l-absence-de-lien-entre-vaccins-et-sclerose-en-plaques/ - Article scientifique (Méta-analyse). Mouchet J, Salvo F, Raschi E, Poluzzi E, Antonazzo IC, De Ponti F, et al. Hepatitis B vaccination and the putative risk of central demyelinating diseases - A systematic review and meta-analysis. Vaccine. 14 mars 2018;36(12):1548 55.
- Guillon N., Sclérose en plaques : une défense venue de l’intestin, Pour la science, Janvier 2021
Article en ligne (15/12/2020, consulté le 10/01/2021) : https://www.pourlascience.fr/sd/biologie/sclerose-en-plaques-une-defense-venue-de-lintestin-20606.php?login_success=1# - https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/hepatitis-b
- https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/hepatites-virales/hepatites-b-et-d/articles/prevalence-de-l-hepatite-b
- Guimier L., Les antivax, des sectes religieuses aux écolos new-age, Le Un , 7 octobre 2020.
- http://www1.chu-montpellier.fr/fr/vaccination/les-polemiqueset-les-fake-newsconcernant-la-vaccination/sclerose-en-plaques-et-vaccination-contre-lhepatite-b/
- Kieny M.-P., Entretien, Le Un, 7 octobre 2020.
- Rouxel R., Pourquoi cette peur des vaccins, SPS n°319, janvier 2017
Article en ligne : https://www.pseudo-sciences.org/Pourquoi-cette-peur-des-vaccins - Krivine J.-P., La qualité de la preuve en médecine, Science et pseudosciences, N°326, octobre-décembre 2018.
Article en ligne publié en ligne le 6 mars 2019, consulté le 10/01/2021: https://www.pseudo-sciences.org/La-qualite-de-la-preuve-en-medecine